Accueillir ou rejeter ?
Accepter ou refuser ? Un mur se construit, un mur s’effondre. Deux dynamiques que l’on retrouve inévitablement lorsque l’on souhaite la bienvenue à un inconnu ou au changement en nous-mêmes. Accueillir ou rejeter ? Par la poésie des corps, WelCOME exprime, au cœur d’un monde en ébullition, nos expériences autour de cette question, dont la réponse ponctue à la fois la marche de chaque individu mais aussi celle de toute communauté.
Quatuor 2012
75 Minutes








Autour de la création

Interview Anan Atoyama
Marc Ribault : Anan, qu’est-ce qui est à l’origine de la pièce WelCOME ?
Anan Atoyama : Une phrase m’a fortement frappée a la lecture d’un article de voyage par une japonaise, qui revenait d’une contrée instable, : ”J’ai reçu d’innombrables “welcome” exclamés par les habitants. J’ai ressenti à ce moment-là beaucoup de peine” : Alors que “welcome” véhicule généralement un sentiment de paix, de sécurité et de chaleur humaine, il se transforma en tristesse dans l’oreille de cette japonaise.
J’imagine que cette dernière a vécu ce mot d’accueil comme une invitation des habitants à partager leur histoire, à devenir le témoin de leur situation, sans toutefois qu’elle puisse agir ou changer quoi que ce soit. Ce mot “welcome” avait alors résonné comme le symbole d’une fatalité d’existence, comme le symbole du décalage de condition entre un être et d’autres. Cette lecture m’a rappelé l’ambiguïté du mot “welcome”, et les émotions diverses qui s’en dégagent. Il m’a semblé intéressant d’explorer ses riches symboliques à travers une pièce.
M.R : Comment as-tu travaillé sur cette pièce avec les danseurs ?
A.A : Je crois que nos histoires individuelles et collectives sont emmagasinées dans nos chairs, et souvent nous n’écoutons pas ce qu’elles ont à nous offrir. C’est ce cadeau précieux que je tente de faire émerger chez les danseurs avec qui je travaille. Cela demande de court-circuiter le mental pour laisser parler l’inconscient et la mémoire au travers du corps. Je cherche, par delà les couches sociétales et culturelles qui nous modele a tous les niveaux, la puissance et la voix cachée du corps avec les danseurs.
Et puis, je travaille avec les danseurs sur la notion « être » en opposition à « paraître » et sur l’expression des émotions et des sentiments de manière minimale et concentrée. Evidement, le travail du corps est influencé par ma propre culture, japonaise.
Pourquoi avoir choisi d’utiliser sur scène des caisses en bois ?
Les caisses peuvent tout à la fois nous protéger d’un environnement hostile, et nous empêcher de pénétrer un lieu de refuge. C’est la symbolique du mur, dont l’histoire de l’Humanité est pétrie, qui joue simultanément les deux rôles, protection et rejet, suivant les perspectives. Elles symbolisent aussi la construction, et par là même l’effondrement. On retrouve inévitablement ces deux notions quand on souhaite la bienvenue à l’inconnu ou au changement en nous-mêmes.
Enfin, la matière de ces caisses, le bois, a une portée symbolique très forte pour l’Humanité. L’arbre est dans de nombreuses cultures porteur de bienveillance, de protection, de refuge, du temps qui passe et change… mais il est aussi symbole d’immobilisme et de dureté. Des associations d’idées qui interfèrent avec celles autour de l’acceptation et du refus, thématiques de WelCOME.
Distribution
Revue de presse
Vaul-en-Velin Journal , 17 octobre 2012 (pdf)
Radio Pluriel , 18 octobre 2012 (pdf)
Artist up , 18 octobre 2012 (pdf)
Le progrès , 19 octobre 2012 (pdf)
Centre Charlie-Chaplin , 13 mars 2013 (pdf)