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madness, love & mysticism

« Madness, Love & Mysticism » tire en douceur le rideau intime d’une personne.
Photo de la création madness, love & mysticism

A notre époque, les êtres humains de l’hémisphère nord sont perpétuellement exposés à l'information et aux images relayées par la télévision, Internet, les affiches, le téléphone portable... Devant toutes ces données nous offrant le monde, la conscience humaine, alors facilement attirée vers l’extérieur, perd petit à petit le contact avec son intériorité. La vie et sa profusion semblant se dérouler hors de soi, un retour en soi paraît alors inutile. 

Cette femme, sous nos yeux, retisse les liens rompus avec la force vitale qui est en chacun de nous, cette énergie qui nous pousse à vivre, au-‐delà des peurs et des difficultés.


Autour de la création
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Interview Anan Atoyama

Marc Ribault : A partir de quelle idée as-tu créé ce solo ?

Anan Atoyama : J’ai fait récemment le constat que l’utilisation exponentielle des outils numériques change doucement mais surement notre rapport à la fois au monde et à soi-même. L’écran devenant le nouveau médium entre soi et le monde extérieur, il en résulte un affaiblissement de nos médiums naturels : les sens. L’intelligence cérébrale, celle du calcul, efface petit à petit l’intelligence du toucher, la sensibilité du toucher, la sensation du toucher. Et il en est de même pour l’odorat, l’ouïe, la vue, le goût et évidemment l’instinct. A tout le temps s’appuyer sur des machines, je développe une certaine forme d’intelligence, logique, mais j’atrophie ma sensibilité. J’ai voulu par ce travail partir à la redécouverte de mon instinct, à creuser en moi pour dégager le lien qui me relie à mon être profond et qui me permet d’être en contact avec l’énergie primordiale qui nous animent tous et ainsi me libérer des pressions extérieures, quelles soient celles de la société, des objets ou même de la personne avec qui l’on vit.

M.R :Nous n’avons pourtant pas de dénonciation explicite des outils numériques dans ce solo ?

A.A : Le monde est plus complexe que ce qu’on essaie de nous faire croire. Les outils numériques nous apporte aussi la liberté d'expression ainsi que l‘accès à des connaissances autrefois réservées à une « élite ». Ils nous rendent aussi plus productifs… et plus contrôlables, car ces outils ainsi que leur contenu n’appartiennent pas à chacun mais à une minorité, celle des médias et des entreprises technologiques.
Prenons garde à la pollution de nos esprits et aux manipulations possibles de nos consciences. L’interaction avec le monde extérieur et la composition de notre environnement proche sont des
éléments essentiels dans la construction de la personne. Nous ne devons laisser cette responsabilité à quiconque d’autre que nous-mêmes, et surtout pas à une machine… Mais quand je danse, ce n’est pas de tenir un discours qui m’intéresse ; les leçons, ça passe encore quand on est enfant… La danse, le corps et l’énergie humaine ont une force de communication extrêmement puissante, bien au-delà des mots pour moi. Je veux rentrer en contact avec le spectateur par ce biais et l’encourager à réveiller cette puissance et à lui faire confiance. Nous possédons en nous-mêmes toutes les bonnes réponses, as besoin de les dicter, mais c’est souvent l’acceptation de soi-même et la confiance en nos aptitudes qui nous manquent. Le rôle de l’art c’est aussi d’offrir à chacun l’espace et le temps de le faire. Le discours, c’est pour les interviews
.

Et la musique de John Zorn pour votre pièce alors ? Pourquoi avoir spécifiquement travaillé avec un album de cet artiste ?

J’ai rencontré John Zorn tout à fait par coïncidence lorsque j’habitais New York. Un ami musicien m’avait conseillé de me rendre à une soirée du Tonic, un club du Lower East Side spécialisé dans le Jazz improvisé. Alors que j’attendais dans la file d’entrée, un homme me salue et nous commençons à discuter. Après quelques instants, il me dit qu’il joue les trois prochains soirs dans le club et me donne deux Freepass pour venir le voir, comme ça, au bout de cinq minutes…Je reviens donc le lendemain avec un ami et c’est là que je réalise que cet homme sur scène est John Zorn, et qu’il dirige le Tonic. John accompagné de cinq musiciens chaque soir, ensemble à improviser, les concerts sont extraordinaires, une découverte marquante. Nous sommes devenus amis par la suite et j’ai rapidement voulu danser sur sa musique. Nous en avons discuté et sa seule demande fut d’utiliser un album dans son entier et non des morceaux épars. Je trouve que cet album contient toute la tension, l’abandon, le combat et la lumière vécus intérieurement par la femme que j’incarne. 


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